Retour sur l’événement d’ESS France « Quelle gouvernance pour une performance optimale de l’entreprise ? »

En ce lundi 17 avril 2023, ESS France, en partenariat avec Aéma Groupe a organisé un événement intitulé « Quelle gouvernance pour une performance optimale de l’entreprise ? ». Cet événement a permis de rendre-compte de travaux que nous avons menés sur la gouvernance des entreprises dans le cadre d’une démarche exploratoire de plusieurs mois.

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Prises de parole introductives

Le mot d’accueil de Pascal Michard, Président d’Aéma Groupe

Événement accueilli au sein des nouveaux locaux de la Macif, il a été introduit par Pascal Michard, le Président d’Aéma Groupe, partenaire du projet présenté à l’occasion de cette rencontre. Évoquant les engagements d’Aéma Groupe dans l’ESS, Pascal Michard a expliqué la pertinence de ces travaux en rappelant que « liens entre gouvernance et performance sont au cœur des enjeux du mutualisme et constituent des champs de recherches aussi passionnants qu'essentiels pour accompagner les défis sociaux, sociétaux et environnementaux de notre époque ».

L’intervention de Jérôme Saddier, Président d’ESS France

Dans son intervention, Jérôme Saddier est revenu sur le postulat d’ESS France qui mené à ces travaux : la notion de gouvernance est un sujet central pour imaginer l’entreprise de demain, qui devra être capable de faire face aux grandes transformations en cours, et en premier lieu celle de la nécessaire transition écologique. Pour cela, un changement du modèle de l’entreprise semble nécessaire, en particulier sur le plan des modalités de gouvernance. En effet, le degré d’ouverture d’une entreprise sur la société à travers l’intégration de parties prenantes est déterminant dans sa capacité à intégrer de nouvelles préoccupations (sociales, territoriales, environnementales) au-delà de sa seule performance économique. L’ESS a un rapport distinctif à ces notions étant donné qu’elle est « la citoyenneté appliquée à l’économie », et c’est pourquoi ces entreprises pourraient inspirer la norme de l’économie de demain. Rappelant qu’à ESS France : « la gouvernance, nous la considérons comme un moyen mais également comme une fin en soi ! », Jérôme Saddier a indiqué que nos travaux démontrent que les multiples performances produites par les mécanismes de gouvernance dans l’ESS ont une valeur indéniable, mais qu’en constituant un axe de performance en soit dans l’ESS, la gouvernance a également une valeur incommensurable.

Retour sur la démarche exploratoire menée par ESS France, en partenariat avec Aéma Groupe

Présentation des objectifs et de la méthode de cette démarche exploratoire

Pauline Raufaste, Responsable des affaires publiques d’ESS France, est revenue en détail sur la démarche qui a été celle d’ESS France dans le cadre de ce projet mené en partenariat avec Aéma Groupe, en présentant notamment les structures interrogées : La Mednum, une SCIC œuvrant à l’inclusion numérique; Orthopus, une Société commerciale de l’ESS développant une gamme d’assistants robotiques; Solidarité Roquette, un centre social implanté dans le 11ème arrondissement de Paris; Le réseau Envie, un Réseau d’entreprises d’insertion ; Aéma Groupe, un Groupe mutualiste; Coopaname, une coopérative d’activité et d’emploi; L’UCPA, un groupe associatif ; La CUMA la Verloossoise, une Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole.

Durant l’événement, trois vidéos récapitulant les visites effectuées dans les locaux de certaines structures interrogés ont été diffusées.

1. Découvrir la vidéo récapitulant notre visite d’Aéma Groupe
2. Découvrir la vidéo récapitulant notre visite de Solidarité Roquette
3. Découvrir la vidéo récapitulant notre visite de la Cuma la Verloossoise

Pauline Raufaste a également présenté le livret issu de cette démarche, intitulé : « Quelle gouvernance pour une performance optimale de l’entreprise ? », et contenant les comptes-rendus détaillés des échanges menés, mais également la note de prospective écrite par la philosophe Gabrielle Halpern, et enfin l’analyse formulée par ESS France. 

Cette dernière peut être résumée en quelques points :

• Les modalités de gouvernance de l’ESS - qui la distinguent fortement de la logique capitaliste puisqu’il s’agit de faire vivre et progresser un projet collectif - permettent de concilier les différentes injonctions formulées sur l’entreprise (l’entreprise doit être performante économiquement, écologiquement, territorialement, socialement) … par l’association des différentes parties prenantes. Ainsi, les structures de l’ESS sont caractérisées par l’émergence de performances associées. Cela fait de l’ESS un terrain favorable pour penser un modèle d’entreprise au service du bien commun.
• Dans l’ESS, la qualité de la vie démocratique constitue en soi un axe de sa performance : les règles habituelles régissant le partage du pouvoir sont à la fois indispensables pour faire entrer la société dans l’entreprise, et insuffisantes si elles ne s’appuient pas sur une culture d’entreprise permettant d’assurer la durabilité et l’effectivité du partage du pouvoir et des performances qui s’en dégagent.
• La gouvernance dans l’ESS est donc à la fois une fin et un moyen, une performance en soi qui produit une valeur propre la fois mesurable et incommensurable.

Découvrez le livret de la collection Focus d’ESS France « Quelle gouvernance pour une performance optimale de l’entreprise ? »

Présentation par Gabrielle Halpern de sa note de prospective intitulée « Les performances associées à une gouvernance partagée - Une gouvernance hybride pour une performance hybride ? »

Lors d’un dialogue avec Pauline Raufaste, Gabrielle Halpern a présenté le contenu de sa note de prospective publiée par ESS France mais également par la Fondation Jean-Jaurès. 

Revenant sur sa participation à la démarche exploratoire, Gabrielle Halpern a noté que si la notion de gouvernance partagée se traduit différemment en fonction des structures (elle est parfois « distribuée », ou « participative », ou encore « horizontale »), elle est envisagée par tous comme une question de « bon sens », essentielle à l’efficacité des structures. Le partage du pouvoir apparaît selon Gabrielle Halpern comme essentielle dans le développement d’une multiplicité de performances (sociale, territoriale, écologique…) qui s’imbriquent les unes aux autres, dans le cadre d’un projet stratégique cohérent. Néanmoins, Gabrielle Halpern a rappelé que cela ne s’avère juste pour les structures qu’à la condition de s’appuyer sur une culture d’entreprise forte permettant sur la durée que chacun s’approprie ces modalités de gouvernance. Enfin Gabrielle Halpern est revenue sur la notion « d’hybridation », en montrant que la notion de gouvernance partagée illustre parfaitement cette « grande tendance du monde qui vient », qui remet en cause les frontières de l’entreprise et des catégories de parties prenantes.

Découvrir la note de prospective publiée par la Fondation Jean-Jaurès

Découvrez le communiqué de presse d'ESS France, Aéma Groupe et la Fondation Jean-Jaurès

Tables-rondes

« Entre risques et opportunités, quelle gouvernance pour l'entreprise de demain ? »

Cette table ronde, animée par Antoine Détourné, Délégué général d’ESS France, s’est tenue en présence de :

• Adrien Couret, Directeur Général d’AÉMA Groupe,
• Fatima Bellaredj, Déléguée Générale de CG SCOP,
• Luc Mathieu, Secrétaire national de la CFDT.

Adrien Couret a insisté dans ses interventions sur le caractère crucial de la gouvernance pour le modèle d’une entreprise : "dis-moi ta gouvernance et je te dirai qui tu es" · Considérant que les modèles de l’ESS permettent l’alignement des intérêts entre les parties prenantes : assureurs-assurés; salarié-employeurs; · Capitalisme actionnarial; l’intérêt servi par l’entreprise peut être le bien commun, dans l’attachement à des performances écologiques et sociales.

Luc Mathieu est revenu longuement sur les revendications de la CFDT en matière de représentations des salariés dans la gouvernance, considérant que ces derniers sont bien des "parties constituantes de l'entreprise". Notant que l’intégration des salariés à la gouvernance des entreprises génère une meilleure performance économique de celle-ci, Luc Mathieu a déploré le retard de la France en la matière. Analysant la situation spécifique des structures de l’ESS, il a mis en garde l’ESS contre le risque, que le projet et les valeurs portées par la structure prennent parfois le pas sur les conditions de travail des salariés.

Fatima Bellaredj, s’est exprimée dans son intervention sur l’importance du travail quotidien effectué pour faire vivre la gouvernance partagée, qui n’a rien d’innée, dans une structure de l’ESS. Les principes de fonctionnement de l’ESS, garantissent une meilleure performance des entreprises, et répondent par ailleurs à une envie des salariés de participer à la vie de leur entreprise, dans l’accomplissement d’une forme de « citoyenneté économique ».

« Quels effets bénéfiques de la gouvernance pour le résultat et les pratiques d’une entreprise ? »

Animée par Pauline Raufaste, cette table-ronde a réuni :

• Gilles BON-MAURY, Secrétaire permanent de la Plateforme RSE de France Stratégie
• Maryline Filippi, Professeure et chercheuse,
• Nils Pedersen, Président de La Fonda.

Maryline Filippi a abordé la notion émergente de « Responsabilité territoriale des entreprises » (RTE), qui fait écho aux performances territoriales des structures interrogées dans le cadre de la démarche exploratoire. Plutôt que de considérer le territoire comme un bassin dans lequel l’entreprise peut puiser des ressources, la RTE permet d’envisager le territoire dans un prisme collectif : il s’agit là de prendre en considération les besoins concrets du territoire d’implantation et de mobiliser des solutions. Maryline Filippi a noté combien l'ESS incarne cette performance territoriale.

Présentant la plateforme RSE de France Stratégie, Gilles Bon-Maury est revenu les différences d’analyse de la notion de gouvernance entre l’ESS et l’économie conventionnelle. Néanmoins, Gilles Bon-Maury a noté les porosités existantes entre l’ESS et les activités relatives à la RSE (sans prise des décisions) qui permettent de mobiliser les parties prenantes internes et externes. Il a enfin appelé les acteurs de l’ESS à se saisir de ces dynamiques en formulant des recommandations pour « tirer vers le haut la RSE ».

Nils Pedersen est intervenu pour présenter les travaux de La Fonda concernant les chaînes de valeur élargies, travaux qui font largement écho aux conclusions formulées par ESS France dans le cadre de la démarche exploratoire sur la gouvernance des entreprises. Ces travaux ont tâché de démontrer que si les activités sociales sont indéniablement créatrices d’une valeur au même titre que les activités économiques, cette valeur ne peut être mesurée de la même manière, ne rentrant pas dans une forme de « bilan comptable ». Insistant sur le fait que le « comment est aussi important que le quoi », Nils Pedersen a rappelé à quel point c’est l’intégration d’une multiplicité de parties prenantes qui permet la production d’une valeur sociale.

Pour aller plus loin

1. Découvrir le livret « Quelle gouvernance pour une performance optimale de l’entreprise »
2. Découvrir la note de prospective produite par Gabrielle Halpern et publiée par la Fondation Jean-Jaurès
3. Communiqué de presse "Gouvernance et performance : publication d'une note de Gabrielle Halpern "
4. Découvrir la vidéo récapitulant notre visite d’Aéma Groupe
5. Découvrir la vidéo récapitulant notre visite de Solidarité Roquette
6. Découvrir la vidéo récapitulant notre visite de la Cuma la Verloossoise
7. Découvrir le livret « Faire entrer la société dans l’entreprise » issu de nos travaux avec Aéma Groupe en 2021-2022.