Portrait de Shirley Harvey, fondatrice de l'association Bien Commun
Se revendiquer de l’ESS, c’est dire qu’il faut penser notre société autrement.
Shirley Harvey grandit à Bordeaux. Après un baccalauréat littéraire et quelques années au Conservatoire National d’Art Dramatique de Bordeaux, elle décide d’étudier la littérature à l’Université de Bordeaux jusqu’à devenir professeure de français à Paris. Insatisfaite de l’expérience, elle bifurque vers l’audiovisuel : en 1987 Shirley Harvey devient assistante de production puis directrice de casting à Canal+. En 1997, elle reprend ses études pour se former à l’administration des structures de spectacle vivant à l’Université de Paris X-Nanterre où elle deviendra ingénieure d’études dans la formation continue dédiée aux professionnels du spectacle vivant. Elle occupera également des fonctions de chargée de diffusion, de communication et de relations publiques pour des compagnies théâtrales et chorégraphiques. En 2004, Shirley Harvey se passionne pour le théâtre itinérant et adhère au Centre international pour le théâtre itinérant (CITI), devenant membre de son conseil d’administration puis sa vice-présidente en 2008. En représentant le CITI auprès de l’Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles (UFISC), elle découvre l’économie sociale et solidaire.
Shirley Harvey est vite séduite par le projet politique de l’ESS et représente l’UFISC au Mouvement pour l’Economie Solidaire. Au Conseil National des Chambres Régionales de l’ESS (CNCRESS), elle contribue au renforcement des liens entre les CRESS et leurs écosystèmes culturels régionaux. En 2010, elle intègre la Chaire d’économie solidaire du Conservatoire National des Arts et Métiers où elle enseigne et développe des formations de spécialisation sur l’ESS à destination de cadres. Dans le même temps, elle poursuit le rapprochement entre CRESS et acteurs culturels dans l’association Opale.
En 2015, Shirley Harvey entreprend au sein de l’association Bien Commun des activités d’accompagnement des structures de l’ESS. Les missions visent à conduire leur changement selon des modèles plus participatifs et démocratiques. Elle intervient aussi dans des universités et dans des associations sur la question des liens entre l’ESS et le secteur culturel.
Son parcours
- 2016-présent : Enseignante et responsable de tutorat, Conservatoire national des Arts et Métiers
- 2015-présent : Responsable des études et des accompagnements, Bien Commun
- 2010-2016 : Chargée d’animation et d’ingénierie en formation continue, Conservatoire national des Arts et Métiers
- 2009-2010 : Chargée de mission “animation de réseau”, CNCRESS
- 2004-2010 : Administratrice puis vice-présidente du Centre International pour les Théâtres Itinérants (CITI) et administratrice de l’Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles (UFISC)
Engagement dans l'ESS
Bien commun
L’ESS n’existe qu’à travers des pratiques qui concrétisent ses principes. Aussi, la question des parties prenantes est un sujet crucial qui interroge les structures de l’ESS, en interne et en externe. Cette question s’applique à leur gouvernance : comment, par exemple, fait-on co-exister, autour d’un projet collectif, des temporalités différentes entre dirigeants bénévoles et salariés ? Lorsqu’il s’agit d’un territoire ou d’une politique publique : comment peut-on dépasser son intérêt propre et associer des intérêts divergents pour co-construire un projet qui concerne tout le monde ? Pour Shirley Harvey, Bien Commun a été créé pour “apprendre à travailler collectivement avec cette diversité de personnes et de trajectoires, pour faire du commun”.
Biocoop : une coopérative de consommateurs
Animée par les questions de souveraineté alimentaire, l’accès à une alimentation de qualité et la préservation de la biodiversité, Shirley Harvey intègre en 2010 la coopérative de consommateurs Biocoop Nymphéa en Normandie. Elle parle aux autres coopérateurs de l’ESS. Dans le cadre de la nouvelle politique de Biocoop, elle est élue dans le comité stratégique national sur l’ESS et la coopération. Pour Shirley Harvey, se revendiquer de l’ESS est un positionnement politique qui prend acte du fait que le système capitaliste nous “amène droit dans le mur”. Sur le plan de l’alimentation, le productivisme provoque des clivages sociaux et des problèmes environnementaux. L’ESS permet de repenser le système, à partir de pratiques socialement innovantes comme les crèches parentales, le réemploi de biens et de matériaux et la coopération sous des formes très variées Faire partie d’une coopérative de consommateurs, pour Shirley Harvey, c’est aussi être un consommateur actif, un citoyen capable d’agir collectivement pour transformer des réalités vécues comme inéquitables ou néfastes pour le bien commun. C’est aussi une question démocratique : Shirley Harvey raconte qu’à travers son engagement à Biocoop elle a rencontré des personnes qu’elle n’aurait jamais rencontrées autrement. “C’est riche” dit-elle, “et ça participe à la cohésion sociale”.