Portrait de Scarlett Wilson, initiatrice du Projet Matrimoine de l'ESS
Le fil rouge de ma vie a été de faire bouger les choses avec énergie et enthousiasme
Après des études de littérature anglaise et américaine, Scarlett Wilson poursuit un master à l’IEP de Paris. A la fin de ses études, elle devient attachée de presse auprès du ministère de la Jeunesse et des sports. En 1976, on lui propose de rejoindre le cabinet de Michel Rocard, Ministre du plan et de l’aménagement du territoire, au sein duquel elle travaille à la création d’une délégation interministérielle à l’économie sociale avec François Soulage et Thierry Jeantet. Elle est ensuite cheffe du cabinet du maire-conseiller général de Chatenay-Malabry Jean Vons, ce qui lui permet d’apprendre le “terrain”. Ensuite, elle devient conseillère technique au cabinet du secrétaire d’Etat auprès du premier ministre chargé de l’économie sociale, Tony Dreyfus, de 1988 à 1991. Scarlett Wilson continue son parcours dans l’ESS, à la direction générale des caisses centrales de mutualité agricole puis au Crédit Mutuel ; et devient enseignante à Paris 1 Panthéon-Sorbonne en 2001 où elle donne un cours sur les politiques publiques sociales en lien avec les acteurs de l’ESS. Aujourd’hui, c’est Elisa Braley qui assure ces cours.
Depuis sa retraite en 2006, Scarlett travaille toujours autant. Elle écrit actuellement, dans le cadre du projet Matrimoine de l’ESS dont elle est à l’initiative, un ouvrage sur l’histoire des femmes de 1830 à 1999 croisée avec l’histoire de l’économie sociale et celle de la République.
Scarlett Wilson a été membre du conseil d’administration d’une association parisienne d’aide à domicile, “les amis”, adhérente au réseau UNA. Parmi les actions entreprises à ce titre, elle crée un petit journal d’information à destination des personnes adhérentes et de leurs familles sur les questions qui les concernent. Par ailleurs, Scarlett Wilson a été cofondatrice du collectif FemmESS et experte à la Commission égalité femmes hommes de l’ESS, ainsi que membre fondatrice du CJDES.
Scarlett fait aussi partie d’une petite cellule de veille de deux personnes, un docteur et elle-même, qui sont à disposition pour les personnes âgées, souffrantes ou fragiles qui habitent dans la même cité qu’elle. Elle est aussi comédienne au théâtre depuis quarante ans, notamment pour communiquer aux spectateurs sa joie de vivre.
Son parcours
- 2020-présent : Projet Matrimoine, écriture d’un ouvrage historique sur les femmes dans l’ESS
- 2001-2017 : enseignante à Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- 1993-1999 : responsable du marché des associations et chargée de mission à la vie sociale au
- Crédit Mutuel d’Ile-de-France
- 1981-1984 : chargée de mission au cabinet du ministre Michel Rocard
Combat : L’égalité Femmes-Hommes, pour des approches croisées
Scarlett Wilson a œuvré pour la parité dans les instances de gouvernance, notamment par la création du collectif FemmESS avec notamment Elisa Braley. Ce collectif a réussi à faire inscrire dans la loi ESS de 2014 l’obligation de la parité pour le Conseil supérieur de l’ESS et le Conseil supérieur de la coopération. Mais, pour Scarlett Wilson, “ce n'est pas suffisant d’œuvrer pour l’égalité au sommet, il faut penser tous les échelons et repenser le pouvoir lui-même”. En effet, dans l’ESS, malgré les valeurs de justice sociale et d’égalité inscrites dans le projet politique des organisations, une grande partie de son salariat reste très précaire et n’est pas suffisamment pris en compte. Selon elle, il faut retravailler pour inclure ces questions dans la gouvernance, afin de repenser les manières de mesurer et qualifier les compétences et donc aussi de mieux considérer la question de la rémunération de ces salariés.
C’est le cas notamment dans les métiers du soin (care), nombreux dans l’ESS et largement portés par des femmes. Cet engagement pour une lecture croisée des rapports de pouvoir dans l’ESS se retrouve dans le dernier rapport de la Commission égalité femmes-hommes du Conseil Supérieur à l’ESS, dont Scarlett Wilson est une des rédactrices. Un chapitre est dédié aux effets de la crise du COVID sur les femmes, et notamment les femmes du sanitaire et du social, un autre à la mixité dans les métiers de l’ESS dont un encadré spécial sur le métier d’aide à domicile, emblématique du secteur du care.