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PLF 2025 : conférence de presse d'ESS France

Publié le 16/10/2024
Conférence de presse d'ESS France sur le PLF 2025

 [Conférence de presse]

Projet de loi de finances 2025 : un désastre pour les solidarités de proximité, un recul sans précédent pour l’ESS 

Benoît Hamon, Président d’ESS France et ses membres, ont convié les journalistes à une conférence de presse ce mercredi 16 octobre afin de présenter les coupes pour les budgets des solidarités de proximité touchant les acteurs non-lucratifs en particulier et plus généralement le champ de l’économie sociale et solidaire.

Au-delà du symbole de la baisse de 25% du budget de l’ESS à Bercy, emblématique du retrait de l’appui aux modèles associatifs mutualistes, coopératifs et de la générosité, il importe dès maintenant d’alerter de ses effets de réplique sur le plan social, économique, territorial et démocratique dangereux. Alors que nous traversons une crise institutionnelle et un désenchantement de l’engagement bénévole sur la corde duquel on a trop tiré, ce budget est inconscient.

Chaque jour depuis jeudi 10 octobre et la parution du PLF, un nouveau réseau alerte du sort qui lui est réservé dans le budget 2025, déconnecté du réel et des besoins de terrain dans le quotidien des Français. Sans nul doute c’est le premier kilomètre de l’intérêt général exercé par les 200 000 entreprises et organisations de l’ESS, leurs 2,5 millions de salariés et leurs dizaines de millions de bénévoles qui sera affecté si rien ne change. Leurs voix doivent être entendues.

Les verbatims des différents intervenants : 

 

Claire Thoury, Présidente du Mouvement Associatif

Claire Thoury, Président du Mouvement Associatif lors de la conférence de presse d'ESS France d'octobre 2024 sur le PLF 2025

« L'énergie de celles et ceux qui donnent du temps pour les autres et l'intérêt général n'est pas inépuisable. La situation financière des associations est extrêmement préoccupante avec des effets très concrets pour les gens au quotidien. A la fois force du 1er et du dernier kms, les associations sont partout, elles assurent les activités sportives et culturelles de nos enfants, elles agissent pour le grand âge et la petite enfance, elles mobilisent pour des grandes causes, elles couvrent des champs peu rentables ou non rentables, etc. Se pose plus que jamais la défense et la préservation de nos modèles non lucratifs au risque d'accentuer des inégalités déjà très présentes qui peuvent avoir des conséquences très fortes sur notre vie démocratique ! »

Hugues Vidor, président de l'Union des Employeurs de l'Economie Sociale et Solidaire

Hugues Vidor, Président de l'UDES, lors de la conférence de presse d'ESS France d'octobre 2024 sur le PLF 2025

« Les mesures du PLF et du PLFSS mettent en péril 186 000 emplois dans l'ESS. C'est une menace directe pour des milliers de structures qui fournissent des services essentiels à nos concitoyens. Si ces emplois disparaissent, c’est toute une chaîne de solidarité et de soutien qui sera fragilisée. Les employeurs du secteur attendent des mesures de soutien et non des coupes budgétaires. Le gouvernement doit agir pour éviter cette catastrophe économique et sociale. »

Marion Lelouvier, Présidente du Centre Français des Fonds et Fondations (CFF)

Marion Lelouvier, Présidente du CFF lors de la conférence de presse d'ESS France en octobre 2024 sur le PLF 2025

« Dans un contexte déjà tendu, les coupes budgétaires annoncées auront des impacts sur les fonds et fondations, opérateurs comme distributeurs. La tension sur les ressources humaines et financières menace les capacités d’accueil et d’adaptation des ehpad, centres de soin, crèches... Par ailleurs, l'inquiétude est immense quant à la capacité des entreprises et des particuliers à maintenir leurs dons au niveau actuel, alors que nous attendons toujours le décret qui rendra opérationnel les dons de jours de congés des salariés.  Les fonds et fondations, comme l'ensemble des structures de l'ESS, œuvrent dans l'intérêt de tous, plus particulièrement des plus fragiles. L'absence de soutien de l'Etat crée la sidération, et nous espérons que le budget qui sera adopté corrigera ces manques et fera preuve de responsabilité pour les générations actuelles et futures, en maintenant la stabilité fiscale sur le mécénat et la philanthropie. »

Frédéric Gouedard, Administrateur fédéral de la Mutualité française

Frédéric Gouedard de la Mutualité Française, lors de la conférence de presse d'ESS France en octobre 2024 à l'occasion du PLF 2025

« Les mutuelles ne doivent pas devenir les variables d'ajustement des déséquilibres budgétaires de l'Assurance Maladie, c'est le message de la Mutualité Française. Les hausses prévues de la prise en charge des consultations médicales transfèrent ces dépenses vers les complémentaires santé et donc vers les adhérents et leur porte-monnaie, pour 1,1 milliard d'€. »

Michel Jézéquel, Président de la CRESS Bretagne et Vice-Président d’ESS France

Michel Jézéquel, Président de la CRESS Bretagne et Vice Président d'ESS France

« Les CRESS, au cœur des territoires ont un regard, une vision claire des dégâts qui s’opèrent déjà dans la société et vont s’accentuer compte tenu des baisses budgétaires à venir, par le désengagement de l’action publique sur les nombreux secteurs où sont présents les acteurs de l’ESS (social, santé, culture, tourisme, grand âge, petite enfance…). Les CRESS mobilisent, avec les acteurs de l’ESS, des outils de développement dont les DLA, (Dispositifs Locaux d’accompagnement), les PTCE (Pôles territoriaux de coopération économique) …directement impactés. Les acteurs de l’ESS dans les territoires, innovent, défichent et offrent des réponses aux enjeux de transitions sociales, économiques, démographiques, démocratiques. Ainsi ce sont de nouvelles filières qui se sont structurées ; grand âge, réemploi, agriculture, alimentation, transitions écologiques, commerces ruraux, énergie citoyenne… Le mouvement général d’austérité en ciblant l’ESS met à mal ces dynamiques territoriales, cet élan indispensable vers le nouveau monde. »

Benoît Hamon, Président d'ESS France 

Benoît Hamon, Président d'ESS France à la conférence de presse d'ESS France

« La baisse du budget ESS de moins 25% est à la fois symbolique car il encaisse à lui seul l’effort sur le budget « stratégie économique de l’Etat » et dont il ne représente que 3% des crédits ET particulièrement inquiétante dans ce qu’il risque de cibler. Sont concernés en effet : l’accompagnement au développement des acteurs de proximité et au rebond des structures en difficulté via le DLA, les PTCE qui permettent les mutualisations à la bonne échelle d’un développement de l’ESS bien ancré dans les territoires et enfin les Chambres Régionales de l’ESS (CRESS) en première ligne pour recevoir les organisations et entreprises de l’ESS qui ne manqueront pas de subir d’autres coupes. C’est donc tout l’édifice des solidarités de proximité non-lucrative qui est menacé par des lames de baisses de crédits à différents niveaux (Etat, collectivités, générosité) : faute de ces activités dispositifs de soutiens, les activités de lien social (culture, sport, réemploi, santé…) , accès aux droits opérées par l’ESS… seront contraintes de subir et se trouveront bien en peine pour trouver de quoi se maintenir ou se réorganiser. Le tableau global nous alarme à raison : l’impact emploi évoqué par l’UDES est considérable, les situations d’isolement et le recul des conditions de vie seront notables assez rapidement, c’est pourquoi nous élevons la voix et appelons les parlementaires à apporter les indispensables corrections.  »

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